Asma LAMRABET

Asma Lamrabet

22-02-2011

 Ce qui se passe devant nos yeux ces derniers jours est de l’ordre de l’incroyable…Après la révolte digne et courageuse du peuple tunisien, voilà que le peuple égyptien nous surprend, lui aussi,  par sa révolution à lui, faite de détermination, de résistance et d’un sens du civisme qui a étonné plus d’un observateur.

La jeunesse égyptienne qui a encadré, enfanté et forgé cette révolte l’a fait pacifiquement, spontanément et avec une honnêteté du cœur qui a séduit même les plus sceptiques. Ce n’est ni l’idéologie politique, ni un endoctrinement religieux encore moins des revendications purement socioéconomiques qui ont motivé cette colère du peuple égyptien. C’est tout simplement un réveil des consciences qui, longtemps assommées par la brutalité du pouvoir despotique, ont fini par se libérer des chaînes de l’oppression.

On a l’impression que le peuple égyptien est lui-même étonné et émerveillé  de découvrir en lui cette capacité à se mobiliser au nom de la liberté et de la dignité. On lui a tellement rabâché qu’il était ignorant, pauvre et inculte et qu’une élite d‘opportunistes étaient là pour veiller  à ce que justement il ne se réveille jamais, qu’il a fini par y croire et à se laisser aller au désespoir !

C’est une belle leçon de démocratie qu’a donné la « rue égyptienne » aux autres peuples arabes mais aussi et surtout aux « démocraties » occidentales, partenaires irréductibles de toutes les dictatures arabes et qui ont toujours été profondément convaincus de l’incapacité réfractaire des peuples arabo–musulmans à concevoir une véritable démocratie. Les peuples tunisien et égyptien ont  prouvé le contraire ; que justement il n’y avait pas de fatalité arabe encore moins musulmane et que les boucs émissaires du péril islamiste ne fonctionnent désormais plus.

C’est une leçon aussi d’universalisme à laquelle renvoient ces deux révolutions, venant paradoxalement de sociétés et de cultures que l’Occident a toujours vu à travers les grilles de lecture  du particularisme et de la spécificité culturelle. Or le cri de révolte de ces peuples s’est fondé sur des valeurs fondamentalement universelles, celles du droit à la liberté, à la dignité et à la vie décente…

Certains Occidentaux, aveuglés encore par leurs peurs, analysent ces profondes métamorphoses à l’aune des clichés réducteurs et essentialistes…Alors que la rue arabe chante l’hymne de toutes les libertés, ils n’arrivent décidément pas à se libérer des leurs anciens fantasmes et observent avec « vigilance » et parfois « suspicion », comme diront certains intellectuels européens, cette révolte de la liberté qui souffle sur le monde arabe.

Mais tôt ou tard ils comprendront que le monde arabe a changé, qu’il est devenu maître de lui-même, que désormais c’est lui qui choisira ses dirigeants et qu’il n’a de leçons à recevoir de personne et surtout pas de ceux qui, hier encore, étaient les amis indéfectibles des tyrans déchus aujourd’hui !

Oui, le monde arabe est en train de changer, plus rapidement que ne le pensent ou imaginent certains et les révolutions tunisiennes et égyptiennes ont semé l’espoir de la liberté dans le cœur de tous les opprimés sur terre…