Le "Hijab" n'est ni une priorité ni un pilier de l'islam
Le docteur Asma Lamrabet a récemment déclaré que le port du hijab n’est pas révélateur de la religion musulmane, et que même la loi religieuse ne lui confère pas cette priorité que lui accorde l’islam politique. Le Dr Lamrabet affirme que les théologiens réduisent la femme uniquement à un corps : si elle est voilée, elle est alors à leurs yeux une bonne croyante ; si elle ne se voile pas, elle s’expose à la critique et réduit de sa valeur. Mme Lamrabet considère que l’islam est une religion d’égalité, de savoir et de miséricorde, et que tous ces points sont bien plus importants que le voile.
Le Dr Lamrabet s’est confiée à Hespress suite à sa participation à une conférence organisée lors de l’université d’été de Capdéma, où elle a déclaré qu’il était possible de procéder à des jurisprudences religieuses réelles qui mettraient en avant le rôle de la femme au sein des sociétés musulmanes. La présidente du Groupe international d’études et de réflexion sur Femmes et Islam (GIERFI), relevant de l’Alliance mohammedi des Oulémas, a dit qu’il existe en islam trois écoles de pensées, de courants, qui se sont intéressés à la situation de la femme : la première a fait du hijab une obligation, tellement prioritaire et importante qu’il s’en faut de peu pour que le voile devienne l’un des piliers de la religion, une seconde école se contente de dire que le port du voile est uniquement une suggestion effectivement positive si la femme en est convaincue et, un troisième courant affirme que le hijab n’a aucune importance et que la religion n’en a même jamais parlé. Le Dr lamrabet, pour sa part, a dit qu’elle se reconnaît dans la seconde école de pensée.
En effet, pour elle, le voile est un droit des femmes, mais pas sous la contrainte ; son port doit être volontaire et celles qui le portent doivent impérativement en être convaincues : « Même dans le cas où une femme ne porterait pas le hijab, elle dispose de l’entière liberté de mener sa vie comme elle l’entend et personne n’a le droit de lui faire des reproches, tant il est vrai qu’aucune sanction ou châtiment n’est prévu dans le Coran pour celle qui ne se voile pas la tête ». L’oratrice poursuit que la vision actuelle de l’islam connaît certaine difficultés à s’adapter aux principes des libertés individuelles qui doivent pourtant être observées par les croyants car ils n’entrent pas en contradiction avec leur religion.
Interrogé sur son apport en matière de fatwas, le Dr Lamrabet affirme qu’elle n’en édicte pas, pas plus qu’elle n’est une exégète ; elle ajoute que le Coran a ses propres instruments qui permettent son étude, qu’elle ne les maîtrise pas, mais appelle les théologiens et autres interprètes des textes sacrés à s’ouvrir aux sciences et disciplines humaines pour être plus concrets et réalistes. Asma Lamrabet récuse également le monopole des hommes sur les fatwas, sachant qu’il n’existe aucun texte ou loi qui empêcherait les femmes de pouvoir promulguer des fatwas. Pour elle, les sciences de la religion doivent pouvoir être ouvertes à tous et à toutes, à la condition que ceux qui s’adonnent à ces études disposent des compétences et de la sensibilité nécessaires pour la critique et le renouveau de la pensée religieuse.
Rappelons que Mme Lamrabet avait été à l’origine d’une vaste polémique quand elle avait appelé à la mixité dans les mosquées, n’appelant pas à la prière des hommes et des femmes mélangés, mais recommandant que les secondes puisent accomplir leur prière dans les lieux de culte, derrière les hommes, comme cela se faisait du temps du Prophète et de ses successeurs sans séparation physique.
Lire l’article en arabe sur hespress.com
http://www.panoramaroc.ma/fr/le-hijab-nest-ni-une-priorite-ni-un-pilier-de-lislam-dr-asma-lamrabet/
À propos de l'auteur
ASMA LAMRABET
Native de Rabat (Maroc), Asma Lamrabet, exerce actuellement en tant que médecin biologiste à l’Hôpital Avicennes de Rabat. Elle a exercé durant plusieurs années (de 1995 à 2003) comme médecin bénévole dans des hôpitaux publics d'Espagne et d’Amérique latine, notamment à Santiago du Chili et à Mexico.